Ha, la crêpe Bretonne ! Connue jusque dans les rues de New-York ou les restaurants de Shanghaï. La bonne crêpe ou la bonne galette d’ailleurs. Parce qu’à l’ouest, on n’est pas toujours d’accord sur la définition de la galette. Mais avant d’en arriver à se chamailler sur la dénomination des succulentes crêpes cuites au billig, revenons un peu sur l’histoire et la répartition de la crêpe dans le monde.
L’apparition de la crêpe
Non, il ne s’agit pas d’une sainte apparue à un infidèle de la pâte à crêpe. On considère généralement que les premières galettes de céréales et d’eau remontent environ à 7 000 ans avant J.C. Quelques céréales écrasées et inondées d’eau, cuites sur une pierre chauffée au préalable et le tour était joué. Voici donc à quoi ressemblait les premières crêpes de l’histoire. Et force est de constater que des galettes à base de farine de céréales, le monde entier en fabrique et en consomme de toutes sortes et depuis très longtemps.
Au final, la seule question qui anime encore les débats houleux sur la crêpe, c’est justement la question de la définition. Les canadiens Français appellent crêpes une épaisse galette de trois fois l’épaisseur moyenne d’une fine crêpe Bretonne. Nous, on aurait appelé ça pancake. Mais chez eux, le pancake, c’est encore trois fois supérieur en épaisseur à leur crêpe, 9 fois la hauteur d’une vraie crêpe ! Dingue ! Et en plus le pancake, ça ne fait pas tellement recette dans le Nouveau Brunswick.
Crêpe de blé noir ou galette de sarrasin ?
Pour bien appréhender le conflit qui oppose les deux versants de la Bretagne, il faut d’abord en comprendre les limites géographiques. A l’Ouest d’une ligne Saint-Brieuc-Vannes, la Basse-Bretagne, celle où l’on parle Breton. A l’est, la Haute-Bretagne, Rennes et les ‘Français’. D’un côté, on parle de crêpes de froment et de crêpes de blé noir (ou de sarrasin), de l’autre on parle de crêpes de froment et de galettes de blé noir. Un seul mot diffère, mais c’est la conception complète (jambon, œuf fromage, champignons ?) de deux mondes que tout oppose… Enfin, presque.
Dans l’ouest, c’est la finesse de la crêpe qui fait son nom. Qu’elle soit sucrée (de froment) ou salée (de sarrasin), une crêpe reste une crêpe. Fine, accueillante, parfois craquante. D’ailleurs, c’est parce que le sarrasin est arrivé en Bretagne au cours du XIIIème siècle, que les crêpes se sont justement affinées. Sans cette farine nouvelle (sans gluten au passage), jamais la crêpe Bretonne n’aurait connu ses heures de gloires, n’aurait trouvé ses lettres de noblesse. Une crêpe de sarrasin est donc bien une crêpe. La galette, c’est autre chose, de forcément plus épais.
Mais dans l’Est, on ne voit pas les choses sous le même angle. Ici, une crêpe, c’est forcément au froment. Si c’est au blé noir, c’est une galette. Point final. Alors oui, il existe aussi des galettes plus épaisses, qu’on appelle aussi galettes et personne ne s’y retrouve… Mais bon… ça fait plaisir aux Rennais. Et comme ils habitent à la capitale… Ils pensent tout savoir et tout connaître. Vous l’avez compris, la traditionnelle galette saucisse qui court le long des travées du stade de la route de Lorient est en réalité une crêpe de blé noir enrobant une saucisse. Tout simplement…