Bienvenue à la maison pour une soirée à thème comme on les aime ; asseyons-nous autour d’une table entièrement consacrée à la cuisine d’antan. Les bons petits plats confectionnés par nos grands-mères. Les astuces de l’époque. La cuisson à l’ancienne, qui privilégiait avant tout la qualité de la nourriture à la présentation sexy dans l’assiette. Nous voilà dans une cuisine bienfaitrice, celle que l’on aurait sans doute jamais dû quitter…
Pour le clin d’œil
Reprendre les vieux plats d’autrefois pour les partager entre amis, ce n’est pas qu’une lubie passagère. Le fait est que nos sociétés modernes ont poussé l’individualisme à outrance. Aujourd’hui, tout est disponible en portion individuelle pour gens pressés. Il faut faire vite, manger sur le pouce, prendre à peine le temps d’échanger, de discuter, parce qu’il y a toujours plus important à faire, après. Et après, ce sera pareil. Cette forme de fuite vers le futur nous empêche de vivre pleinement le présent. Or, la cuisine d’antan remet justement le présent au goût du jour.
Cela peut sembler paradoxal de retrouver son présent dans le passé alors qu’il fuit vers le futur. Mais la cuisine d’autrefois nécessite de la patience et de l’implication. Il est indispensable de s’investir sur ses fourneaux. Un pot au feu ou une blanquette, ça se mijote. Ça ne cuit pas en 3 minutes au four micro-ondes. Mieux. De tels plats sont justement faits pour être partagés, en prenant le temps de déguster chaque aliment. Tout l’inverse de la cuisine sur le pouce. La cuisine d’antan est un clin d’œil à une époque où l’on savait prendre le temps de vivre les moments importants ensemble, comme les repas par exemple.
Pour son côté rassurant
Et bien plus que cela encore, car la cuisine d’antan crée du lien. A la dégustation, certes. Mais à la confection également. Le temps passé à écouter l’eau frémir, à sentir et à ressentir les odeurs de la cuisson ; le temps qui s’écoule pendant que l’on discute autour d’un bon verre de vin en attendant que la poule ou les légumes veuillent bien atteindre la substantifique essence de leurs goûts enfin révélés à nos palais… Tout ce temps là, c’est du présent vécu ensemble, du présent partagé, de l’instant dont on se souviendra car il aura été pleinement vécu.
En ce sens, la cuisine d’antan est bien plus que le goût rassurant du coq au vin de son enfance. Elle permet à la nourriture de reprendre ce qui lui appartient, de retrouver son rôle premier, prépondérant quand il s’agit de satisfaire l’humain ; créer du lien, fort et puissant, tant par le goût partagé ensemble que par l’émotion que ce partage procure. La cuisine d’antan va bien plus loin que le marketing anglicisé ne le suggère. La comfort food doit permettre de vendre de vieilles recettes. La cuisine d’antan, celle de nos grands-parents, nous permet de nous replonger dans une atmosphère au sein de laquelle l’humain reprend toute sa place et sa valeur intrinsèque. C’est une vraie parenthèse, un lieu à part dans le temps.
Pour le plaisir du goût
Mais bien sûr, si l’on passe autant de temps devant ses marmites, ce n’est pas pour s’ennuyer. Ni pendant la cuisson, ni pendant la dégustation. Une blanquette, une dinde en cocotte, un bœuf bourguignon, un petit salé aux lentilles, une soupe de potimarron… Si nous remettons au goût du jour tous ces plats ancestraux, c’est parce que leur goût, justement, nous donne quelques frissons. En dehors même de l’aspect psychologique, c’est vraiment le goût d’aliments de première qualité, sans aucun apport chimique, qui motive le temps passé en cuisine. Parce que ce goût nous procure un vrai plaisir. Celui des papilles satisfaites de ce qu’elles découvrent. La nourriture, ce devrait toujours être commandé par le goût et le temps du partage. Un compagnon n’est il pas littéralement celui avec qui l’on partage son pain ? Il semble que c’est justement sur ce point précis que la cuisine d’antan ait à nous apprendre. Ou à nous réapprendre…